Ouvriers, actifs issus de l’immigration ou actifs peu qualifiés, les plus heureux au travail

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Dans quelles conditions travaillent les français et comment se sentent-ils au travail ? À partir des données de l’enquête Conditions de travail de la DARES (2013), des portraits types des actifs occupés ont été dressés, d’abord sur les conditions de travail objectives (temps de travail, rémunération…), puis en fonction de leur ressenti au travail (bien-être, tensions…). On mesure notamment le grand impact des tensions avec la hiérarchie sur la dégradation de la QVT.

8 profils type ont été déterminés en fonction des conditions de travail objectives (Indépendants, Services peu qualifiés, Immigration, Ouvriers, CSP + privé,  CSP + Public, Santé, accidentés du travail).

6 profils type ont été déterminés en fonction des conditions de travail subjectives : Travaille seul, Heureux, Rien à signaler, Changements, Tensions collègues, Tensions hiérarchie.

L’étude croise ensuite ces profils objectifs et subjectifs pour parvenir à plusieurs conclusions.

Concernant les « Heureux au travail » : jamais sous pression (58%), se disant toujours de bonne humeur
(38%), n’ayant ni à cacher leurs émotions ni à faire mine d’être de bonne humeur (65%). Leurs liens avec l’entreprise sont également caractéristiques: ils sont fiers de travailler dans leur entreprise (72%), ils ne vivent jamais de changement imprévisible ou mal préparé (68%) et ils sont soutenus par leur hiérarchie (62% ne sont jamais en désaccord avec leur hiérarchie et 83% n’ont jamais le sentiment d’être exploités).
ils sont moins payés que la moyenne (1753€ par mois) mais leur «score de bien-être» tel qu’il est défini par l’OMS est bien supérieur à la moyenne (20,38 contre 15,65).

Les moins heureux au travail sont  :

  • ceux qui ont subi un accident de travail et qui sont confrontées à de très fortes contraintes physiques, de très forts conflits de valeurs, une forte intensité de travail et une faible autonomie,
  • les travailleurs de la santé qui subissent des exigences émotionnelles et des contraintes de travail très supérieures aux autres profils: travail de nuit ou le weekend, pression du travail dans l’urgence, exposition fréquente à la maladie et à la mort
  • et ceux qui connaissent des tensions avec leur hiérarchie : ils se disent ignorés (64%), critiqués
    injustement (69%) ou empêchés de s’exprimer (52%). Une différence essentielle est qu’ils sont à 67% en situation de tension avec leur supérieur hiérarchique. Plus précisément, 74% reçoivent des ordres
    contradictoires, 37% travaillent toujours sous pression et 31% ne peuvent discuter de leur désaccord avec leur chef.

Les plus heureux au travail, de façon « contre-intuitive » selon l’enquête : les ouvriers (malgré un salaire peu élevé), les actifs issus de l’immigration, les actifs des services peu qualifiés.

Ce résultat est toutefois cohérent avec une partie de la recherche sur «l’économie du bonheur», qui a montré que les liens entre richesse matérielle et satisfaction personnelle sont plus ténus que la théorie économique classique ne le prévoirait. Ainsi, selon la théorie de la satisfaction relative (Easterlin, 1974), un individu n’évalue pas son bien-être dans l’absolu, mais par comparaison aux autres. Les personnes des profils CSP+ privé et CSP+ public pourraient ressentir une pression plus forte vers l’avancement dans l’échelle sociale, résultant en une
moindre satisfaction lorsque ce résultat peine à être obtenu.

http://www.la-fabrique.fr/fr/publication/conditions-objectives-de-travail-ressenti-individus-role-management/